Ile Carn

Ile Carn

Le cairn de l’île Carn

“Tas de cailloux”

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© Marie-Louise Marc

Bien avant que la catastrophe de l’Amoco Cadiz ne fasse connaître le nom de Portsall au monde entier, le site de l’île Carn, situé en face du fond rocheux où ce pétrolier a coulé, était universellement connu des spécialistes de la préhistoire grâce à son Cairn, que le professeur GIOT et son équipe ont fouillé et mis en évidence de 1953 à 1972. Carn, puis cairn, signifie dans les pays de langue celtique “Tas de Cailloux”.

En effet ce cairn, s’il est loin d’avoir l’importance de celui de BARNENEZ dont il est le contemporain, a la particularité d’avoir la chambre mortuaire la mieux conservée, absolument intacte depuis sa fermeture.

Avant les fouilles, ce tas de pierres en forme de taupinière, d’une circonférence de 110 à 130 mètres, ne laissait supposer aucun aménagement intérieur.
Partant du fait que beaucoup de dolmens et de cairns ont leurs entrées face au soleil levant, le dégagement des pierres a commencé côté EST. Ce travail a abouti à la découverte de la façade que nous voyons aujourd’hui et qui donne accès à trois chambres mortuaires.

Première datation d’une sépulture mégalithique Européenne

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© Marie-Louise Marc

La chambre centrale a été la première découverte. Les charbons de bois prélevés ont été envoyés pour datation au carbone 14 à GRONINGUEN (PAYS BAS). On obtient ainsi en 1959 la première datation qui fut faite d’une sépulture mégalithique Européenne. Les résultats de cette analyse au radiocarbone et des analyses ultérieures prouvent que cette chambre date d’au moins – 4.200, ce qui veut dire qu’elle a plus de 6.000 ans.

La chambre sud, découverte par la suite, serait de la même époque. Cette dernière avait été endommagés par les installations Allemandes de la dernière guerre. Elle a été restaurée.

Toutes deux avaient eu une utilisation assez courte. Par contre, la chambre nord-est est plus récente : datation au radiocarbone : – 2.890, avec utilisation jusque – 1.710, soit un bon millénaire, date à laquelle toute la partie faisant face aux entrées a été condamnée et l’ensemble recouvert de pierres.

Cette chambre nord a la particularité d’être divisée en deux. On peut supposer qu’à l’origine les bâtisseurs avaient vu trop grand. Arrivés à une certaine hauteur de construction, ils se seraient rendu compte qu’il faudrait monter à une hauteur trop importante pour former la voûte. Ils ont alors construit, en l’accolant, un mur de refend central, à partir duquel ils ont formé deux voûtes.

Par la construction de ces chambres mortuaires, auxquelles on accède par un petit couloir, qui était fermé par une grosse pierre, l’homme préhistorique a inventé la voûte à encorbellement (totalement en pierres superposées, sans liant). Près des défunts on installait tout ce dont un vivant a besoin (nourriture, vaisselle, vêtements, nécessaire pour les travaux, la chasse et la pêche … ) Ce qui ne s’est pas détérioré au fil du temps est parvenu jusqu’à nous, permettant de mieux comprendre leurs façons de vivre et leur degré de culture.

Les objets mis à jour

Ainsi ces fouilles ont permis de découvrir un mobilier funéraire (somme toute assez pauvre d’après les spécialistes) : grosses perles ou pendeloques en pierre polie, bouteille à collerette (en argile évidemment), des silex, dont des flèches tranchantes, des haches polies en fibrolite, des tessons de poterie, des objets en pierre ponce, etc.

Une volonté de préserver le site

Ce monument, isolé et accessible à marée basse, est fragile et à la merci du comportement des visiteurs de plus en plus nombreux. Comment faire comprendre que chacun est responsable du maintien en état de ce témoignage du passé, qui nous est légué depuis des millénaires ? (Texte de Jo PATINEC)

La balade à l’île Carn

ilecarn300Réalisée par messieurs Gosch, Charlotton et Farrant lors d’un atelier de l’espace multimédia en novembre 2008.

Vous avez positionné votre véhicule sur le bord de la route communale dite de Porsguen ou sur une des nombreuses aires de stationnement fléchées.

Vêtu d’une tenue de circonstance, chaussé de bottes ou de chaussures de sports , vous traversez le cordon dunaire en prenant un des sentiers disponibles.Vous arrivez sur la plage de Porsguen.

A votre gauche , la Pointe du Diable avec son impressionnant et mystérieux rocher, en face :  l’ile Carn.

L’accès sur l’ilot ne se fait qu’à marée basse. lorsque vous franchirez l’isthme d’une longueur de 600mêtres, soyez très attentif aux rochers recouverts de goémon et aux trous d’eau. Arrivé sur la grève de l’île, vous empruntez à gauche le chemin de terre qui entoure l’île. A votre droite deux bunkers érigés par l’ “Organisation Todt” sont visibles. La visite de ces deux casemates, témoins d’une époque douloureuse sont sous votre entière responsabilité.

Un petit détour vers la botanique :
Une diversité de micro paysages caractérise l’île tapie de gros et petits rochers, arrondis ou anguleux. Un tapis vert épais couvre la totalité de l’île. Les armories maritimes appelée Œillets Marin ou Gazon d’Espagne colorent l’île en rose au mois de mai.
La Silène Maritime cousine de l’œillet étale ses fleurs blanches de Mai à Septembre.
Le plus curieux des visiteurs s’intéressera au Plantain Corne de Cerf aux feuilles découpées, au Petite Cran et au Petit Crucifier aux feuilles en forme de cœur, À l’Orpin avec son tapis de fleurs étoilées roses et jaunes , à la betterave maritime, ancêtre dit – on des betteraves de nos régions, à la Spergulaire ”’offrant ses fleurs roses à l’aspect étoilé, à la Criste Marine ou Perce-Pierre avec ses fleurs en forme d’ombrelle jaunâtre, à une variété de petite fougère, la Doradille Marine réfugiée sur les petites falaises de la côte Sud.En bordure nord de l’île, une montagne aplanie de roches de plusieurs dizaines de mètres victime de l’action conjuguée du vent et de l’eau est traversée par des veines tortueuses.

Reprenons notre balade :
Des crochets d’ancrage pour fils barbelés posés par l’occupant allemand dépassent du sol rocheux. SOYEZ VIGILANT!

Puis, vous découvrez l’imposante roche nommée le «grand rocher». Vous êtes au sommet de l’île.Vous approchez du grand cairn mégalithique, accumulation de pierres, galets et de blocs de granite. Le tumulus est composé successivement de trois cairns (primaire, secondaire et tertiaire) construit par une communauté maritime peu nombreuse et pauvre entre 3280 et 1710 avant Jésus-Christ. Les plus sportifs peuvent accéder à leurs risques et périls à l’intérieur du Cairn. Une torche électrique est indispensable.

Les trois entrées sont bien visibles, il faut ramper pour accéder à la 1ère chambre, la seconde est condamnée, tandis que l’on peut admirer l’architecture de la 3ème en se glissant à quatre pattes dans l’ouverture. On y tient debout.

Nous rappelons que le Cairn de l’île Carn est classé monument historique depuis 1955. Les fouilles y sont donc interdites.
Avant de regagner le continent, grimpez au sommet du Cairn. Votre regard ne pourra être insensible à la beauté des plages, de Porsguen, Tréompan, au rocher du Serpent à la pointe de Teven Pen ar Pont, au cordon dunaire de St. Pabu, à la vision des clochers de Ploudalmezeau et de Lampaul–Ploudalmezeau.

En complément

A voir également, La légende de l’Ile de Carn : En savoir plus