Histoire des rues de Ploudalmézeau

Les rues de la ville

Photo aérienne de Ploudalmézeau
© Jean-Yves Tournellec

Les noms de rues, à Ploudalmézeau comme ailleurs, ont été imaginés dans un but pratique, tout particulièrement pour permettre au facteur ou au garde-champêtre de retrouver plus facilement telle famille ou tel individu.
Que l’on ait profité de l’occasion pour rappeler aux habitants et aux générations futures quelques souvenirs du passé… rien de plus naturel sans doute.

Nous avons voulu rechercher dans les archives municipales l’origine des noms des rues de Ploudalmézeau. Cela n’a guère été difficile puisque le premier nom officiel -celui de la rue Henri Provostic- n’a été adopté qu’après la guerre, le Docteur CARAES étant maire. Il y eut, plus tard, l’importante décision du 10 juin 1957, prise sous la présidence de Monsieur SQUIBAN, premier magistrat aussi de la Commune, de laquelle date, en fait, la dénomination des principales rues et places du bourg. Par la suite, sous la présidence du Monsieur ARZEL, de nouveaux noms, plus nombreux encore, ont été attribués au fur et à mesure de l’extension de l’agglomération, compte tenu parfois de l’apparition de certaines circonstances.

On aime bien connaître l’origine du nom de sa rue et nous avons pensé que les explications trouvées à ce sujet dans les registres des délibérations du Conseil Municipal étaient de nature à intéresser les lecteurs de ces notes.

Noms traditionnels :

Dans les dénominations officielles, quelques noms anciens, attribués par habitude aux principaux lieux de rencontre du bourg -chef-lieu de canton où se tenaient depuis longtemps des foires importantes- ont été conservés.

LA PLACE AUX VACHES, où l’on espère voir se pratiquer encore un certoin temps, le troisième lundi de chaque mois, un florissant commerce de bovins -même si l’on a pris le soin de l’aménager en un parking moderne à l’ombre de quelques arbres- s’appelle toujours ainsi.

LA PLACE AU BLE, après avoir un temps porté le nom de PLACE JULIEN, retrouvé son nom poétique de jadis dû, tout aussi simplement, aux transactions qui s’y déroulaient, à savoir le commerce des céréales. Comme il eut tout le même été injuste de ne pas rappeler aux Ploudalméziens le souvenir de l’ancien notaire, maire de 1840 à 1862 qui, par un important legs, avait permis ici la création d’une maison de repos pour les vieillards, infirmes et pauvres, il a été décidé que cet établissement, rénové depuis peu, continuerait à porter de nom d’HOSPICE JULIEN.

Le nom de la RUE DES MURS n’a d’autre originalité que d’exister depuis des temps immémoriaux, preuve évidente de l’inutilité d’un changement, même s’il arrive de temps à autre que l’on déplace le mur qui la longe, comme ce fût le cas aux environs de 1960.

Parmi les noms traditionnels, ou devenus tels, on peut encore citer la COUR DES TONNELIERS à « Kerjolys ». Aux temps héroïques de l’artisanat, on y fabriquait sans doute les tonneaux ou, plus probablement, les barattes et les cuves à eau (on sait qu’il fallait toujours autrefois avoir une réserve d’eau dans les maisons : en manquer risquait d’attirer la mort).

Il y a aussi la RUE DE LA ROSERAIE, non rapidement adopté par le quartier qui était celui de l’unique maison existant dans la rue en 1957.

La PLACE AUX PORCS et la PLACE AUX CHEVAUX sont maintenant désignés autrement. Bien sûr, le nom de la première ne plaisait guère, bien que le porc, contrairement à l’opinion répandue, soit un animal appréciant plus que d’autres, aux dires des zootechniciens, les soins de propreté. Le marché aux porcs vient d’ailleurs d’être déplacé en raison des impératifs de la réglementation de la circulation. Mais que les amoureux du passé se rassurent : l’élevage du porc, depuis longtemps grand facteur du développement économique de la région, est appelé à prendre à l’avenir encore plus d’extension et son souvenir n’est pas sur le point de dépérir.

Par contre, si l’on comprend fort bien que le nom de l’autre place – la plus belle de la Commune – ait été donné au GÉNÉRAL DE GAULLE, chef prestigieux de la France Libre, on peut regretter que rien ne rappelle à Ploudalmézeau, à l’exception peut-être des bâtiments délabrés des haras, l’attention qu’apportaient les paysans aux magnifiques chevaux bretons de chez nous, exportés dans le monde entier avant l’ère des tracteurs.

Rappelons aussi le nom de la PLACE AUX ŒUFS, bien oublié à coup sûr, donné également par habitude à la PLACE DE L’ÉGLISE où se tenait avant la guerre le marché des œufs et du beurre (ce délicieux beurre fermier que l’on goûtait ici avec les doigts tandis qu’à Brest, où l’on connaissait mieux l’hygiène, on utilisait les épingles à cheveux). Rappelons enfin qu’avaient existé, tout près de là, les halles installées sur le large trottoir, en face de la Mairie, sous lesquelles s’organisaient à l’occasion les repas de mariage, dont notre sympathique adjoint au maire, Monsieur Auguste Colin, pourrait aisément témoigner.

Les guerriers et la résistance

La participation active des soldats, des marins, des civils de la Commune aux guerres de 14-18 et de 39-45, l’ardent sentiment patriotique surtout qui fût le leur tout au long des dures épreuves subies par le pays, ne pouvaient être mieux symbolisés, offerts en exemple aux jeunes générations, que par ces noms inscrits sur les plaques bleues dans les différents secteurs de l’agglomération.

La plus belle place de Ploudalmézeau est devenue, le 13 novembre 1970, la PLACE DU GÉNÉRAL-DE-GAULLE, le lendemain de la mort de celui qui, par un appel fameux, avait opposé un « non » catégorique aux prétentions de l’envahisseur. Pour comprendre le sentiment qui a inspiré la mise en place de l’imposante stèle, brillamment inaugurée par le Préfet du Finistère en présence du Préfet Maritime, le 20 juin 1971, sans doute faut-il se replacer dans l’atmosphère de l’été 1940 où l’on vit les Ploudalméziens redresser fièrement la tête malgré l’humiliante arrivée des troupes étrangères, là où on n’aurait jamais imaginé les voir apparaître.

Plusieurs prirent, dès ce moment, la direction de l’Angleterre mais tous devaient, tout au long des quatre terribles années d’occupation qui suivirent, ne jamais désespérer, garder toujours une attitude digne en attendant de prendre part effectivement à l’action, au fur et à mesure que la résistance s’affirmait. Pour Ploudalmézeau, GÉNÉRAL DE GAULLE c’était cela, c’est toujours cela. Cela justifie amplement l’honneur rendu par la population à l’homme du 18 juin désormais entré définitivement dans l’Histoire, le témoignage matériel que l’on a voulu en laisser.

La résistance a été particulièrement efficace dans la Commune comme dans tout le canton, mais elle a eu aussi ses martyrs dont on se devait de garder la mémoire. Le geste fut spontané. Dès la remise en place de nos institutions communales, après la guerre, ce qui était autrefois la GRAND’RUE – la rue principale devint la RUE HENRI-PROVOSTIC du nom de Maître Provostic, notaire, ancien adjoint au maire, chef cantonal de la Résistance, arrêté par la Gestapo le 31 mai 1944 et mort au camp de Melk le 22 décembre suivant. Le Docteur Caraes avait voulu marquer par-là, aux yeux de la population, l’impérissable souvenir de la Résistance, fixé ainsi solidement, comme il l’était dans les cœurs, sur le sol si chèrement reconquis.

Par la suite, dans le même ordre d’idée, les dénominations suivantes ont été approuvées :

RUE YVES-TALARMAIN (route de Plouguin), du nom de Yves Talarmain, combattant F.F.I. tué au combat à Ploumoguer le 6 septembre 1944. Son épouse, sage-femme durant de longues années à Ploudalmézeau, fut adjoint au maire après la guerre, jusqu’à sa démission en 1956.

RUE JOSEPH-LUSVEN (route de Portsall jusqu’à l’ancien passage à niveau), du nom de Joseph Lusven, arrêté à son domicile dans cette rue, mort en déportation au camp de Neuengamme en Allemagne le 17 mars 1945.

RUE GABRIEL-BIZIEN (dans le lotissement à droite de la route de Plouguin) du nom de Gabriel Bizien, jeune homme bloqué dans la Mairie par les Allemands sur qui on venait de tirer, affreusement torturé avant de mourir à « Lézérouté ».

Plus tard, considérant les événements de guerre d’un point de vue plus général, des noms d’une plus grande portée allaient être choisis. C’est ainsi que l’emplacement qu’on appelait encore PLACE DE LA GARE -parce que là se situait naguère la gare du chemin de fer départemental- devint, en juin 1964, PLACE DE LA LIBERATION, à la demande des Anciens F.F.L. et F.F.I. du canton, à l’occasion du 20ème anniversaire de la Libération de la France. L’inauguration eut lieu au printemps 1965, avec son contingent de décorations, habituel chez nous où les actes de bravoure à signaler ne manquent pas.

En 1968, le Conseil Municipal, ayant à dénommer un certain nombre de voies de circulation apparues dans les nouveaux lotissements de part et d’autre de la route de Plouguin, approuvait sans hésiter une suggestion des Anciens Combattants, choisissant, pour quatre de ces rues, quatre noms symboliques donnés en souvenir des combats auxquels ont pu participer, là ou ailleurs, au cours des deux grandes guerres, les nombreux soldats et marins du pays :

Deux noms de la guerre 14-18 :

  • RUE DE VERDUN pour les soldats -rappel de la résistance héroïque qui, en 1916, émerveilla le monde, une des pages les plus marquantes de tous les temps de l’Histoire de France
  • RUE DE DIXMUDE pour les marins -évocation, combien justifiée, du courage admirable, sur les bords de l’Yser en 1914, des « demoiselles aux pompons rouges » de l’Amiral Ronac’h

Deux noms de la guerre 39-45 :

  • RUE DE BIR-HAKEIM, pour les soldats
  • RUE DE DUNKERQUE, pour les marins

L’émouvante inauguration de la rue de Bir-Hakeim et de sa stèle, le 9 mai 1971, en présence des Anciens F.F.L. ayant vécu, en juin 1942, ce terrible combat sous le ciel de feu du désert libyen, ne sera pas oubliée de sitôt.

Ploudalméziens illustres et personnalités locales

Si Ploudalmézeau n’a pas vu naître un Colbert, un Pasteur, un Victor Hugo ou un Maréchal Foch, quelques-uns de ses enfants ont tout de même connu une certaine notoriété. De bons administrateurs, des curés d’une forte personnalité, des personnes dévouées, ou des gens tout simplement sympathiques y ont, d’autre part, séjourné, laissant soit un excellent souvenir qui méritait d’être conserva soit des traces matérielles de leurs oeuvres dont bénéficie encore la génération actuelle.

Le nom du premier personnage auquel on pouvait penser lors de la première dénomination officielle des rues, en 1957, ne pouvait être que celui du sénateur maire Jules Fortin dont Monsieur Squiban, maire à son tour, avait été le conseil municipal. La RUE JULES-FORTIN est, précisément, celle que devait suivre le respecté Monsieur Fortin pour se rendre de la Mairie à son domicile, au-delà du presbytère, en direction de Lannilis. Sénateur du Finistère de 1908 à 1930, maire de Ploudalmézeau de 1898 à 1942, conseiller général, Jules Fortin a marqué de sa forte empreinte son long mandat de 44 ans à la tête de l’Administration de la Commune. On lui doit l’agrandissement de l’Hospice, le développement du bourg par l’ouverture de voies transversales et le dégagement des places, la construction du quai de Portsall. Grâce à son esprit d’initiative, la Commune avait été dotée, très tôt, de l’électricité (1924), et d’un service public d’eau potable (1935). A Quimper, où il représentait le canton au Conseil Général, et à Paris, au Sénat, où le Département l’avait délégué, il sut se montrer toujours fidèle aux principaux sur lesquels il avait fondé sa vie politique. Du fait de ses hautes fonctions, il eut aussi l’occasion de rendre bien service à ses concitoyens.

D’autres personnalités, politiques ou autres, ont également donné leur nom à l’une ou l’autre de nos rues. C’est ainsi que nous avons :

Une RUE AUGUSTE-CAROF celle qui emprunte l’ancienne Place aux Porcs pour longer, plus loin, la Place du Général-de-Gaulle. Auguste Carof, conseiller municipal de 1900 à 1935, a laissé un intéressant petit livre retraçant l’histoire de Ploudalmézeau. Son cousin, Arthur Carof, directeur de l’usine de produits chimiques de Portsall, bienfaiteur de la Commune, a donné son nom au SQUARE DE L’ALBERI (SQUARE ARTHUR-CAROF, décision du 3 juillet 1970).

Une RUE DU DOCTEUR-RIOU la rue de la gendarmerie, en reconnaissance à l’homme qui, en 1911, avait légué à la Commune ses immeubles du bourg, dont la maison principale devint, alors, l’ancienne Mairie.

Une RUE MARIE MILIN, du nom d’une sage-femme, femme dévouée à tous au début du XXème Siècle. Pour en savoir plus, venez lire son histoire :

En savoir plus sur Marie Milin

Une RUE DU DOCTEUR-LE-MEUR reliant les routes de Lannilis et de Tréompan en passant devant la salle omnisports. Le docteur Le Meur, conseiller municipal de 1919 à 1942, ancien conseiller général, mort en 1958, avait donné à la Commun la source de “Kervignen” et permit ainsi son approvisionnement en eau lors de la création d’un système d’adduction. L’excellent captage de “Kervignen” a, seul, assuré le service pendant 24 ans. Il n’a été complété qu’en 1959 par le captage de “Stréat-Glaz”, et en 1967 par celui de la fontaine historique de “Feunten-ar-Pell” en Lampaul.

Place du marché au blé et hospice St Julien
Entrée du bourg de Ploudalmézeau - Ville de Ploudalmézeau
Place du marché au blé et hospice St Julien
L’entrée du bourg sur la route de Lannilis
Avenue de la gare - Ville de Ploudalmézeau
Foire aux bestiaux - Ville de Ploudalmézeau
L’avenue de la gare
La foire aux bestiaux